MERCREDI 22 AOUT 2007

Quand l’imagination va plus vite… Mercredi 22 août 2007

Où il faut relire et ne pas céder à une impression première

Cet aphorisme, qui ne relève pas de la sagesse bantoue, témoigne de la surprise que nous avons eue. Lorsqu’on lit sur le programme que le lieu du concert aura lieu «à la salle de marbre de la radio bulgare», cela ne témoigne pas d’un enregistrement ou d’une quelconque retransmission « en direct ».

La salle marmoréenne

La salle de marbre est assez simple. Mais avant d’y entrer on doit traverser des cours et un long corridor qui ouvre à angle droit sur un imposant escalier avec un large tapis rouge. On remarque qu’on est dans de beaux bâtiments anciens. Il faut s’arrêter pour voir surtout les parties qui précèdent la salle. Les boiseries, les portes plein bois et rehauts de dorures, serrures et poignées en bronze, plafond à caisson. Plancher en « point de Hongrie »… qui craque. Le bâtiment a eu son heure de gloire

On pousse une lourde porte et on entre dans la salle. Changement de décor. Plafond haut et murs gris, le marbre ! Pas de décoration. Plancher de bois, chaises rembourrées de bel aspect « de salon » en couleur «vieux rose» un peu passée, elles sont belles et confortables. Les places réservées aux musiciens sont nettement plus rudes et « passer deux heures assis là dessus nous a mis à l’épreuve » commentera une des musiciennes.

Où sont les micros ?

Edmond me fait remarquer que pour un enregistrement c’est plutôt rien ! Changera-t-on de salle après la répétition ? Un rapide examen des lieux nous convainc que nous sommes bien dans la salle du concert. Le piano est là. Il ne bougera pas. Il n’y a rien pour enregistrer. La salle offre 15O places et il y aura au moment du concert une centaine d’auditeurs.

On apprendra après qu’il y a eu un petit désaccord sur les attentes des uns et les possibilités des autres. Et qu’on rejouera l’affaire le lendemain (donc jeudi 23 à Eger à 20 h 00. rises de vues et gravure d’un DVD).

Le concert

Oui, on a fait fort. Un orchestre tendu depuis le matin, et même depuis la veille. Les accords entre piano –Gabriela – et l’orchestre demandaient certainement des mises au point. Et tout le monde était sur les dents. Notamment Gabriela, très exigeante, c’est normal, mais tendue elle aussi. « Je suis connue ici, je ne peux pas mal jouer ! » a-t-elle affirmé. « Plutôt ne pas jouer que d’être mal accompagnée ». Un enjeu donc. Un défi tenu et réussi au soir de mercredi, et jeudi encore (cet article écrit au soir de ‘événement, est publié six jours après..)

A Szolnok, la veille (mardi) nous avions eu deux répétitions. Une le matin, difficile comme dit, qui a été interrompue car tout le monde devait assister à la réunion plénière des autorités des deux conseils généraux. Cette diversion a été bénéfique car on aurait rien pu tirer de cette première rencontre si elle s’était prolongée. L’après-midi fut plus sereine et le groupe progressa nettement.

Le matin du jeudi encore, la tension dans le groupe était perceptible. Le voyage (à peu près deux heures) avait éprouvé tout le monde. De surcroît nous avions dû supporter des détours imposés par la hauteur insuffisante des ponts. Notre bus y aurait laissé son toit ! Ce fut une longue et lente errance dans les faubourgs pour contourner les obstacles. Une petite heure de bus en plus ! Visite écourtée, On a pris le temps de gravir (en bus) une colline qui surplombe la ville et le Danube. Belle vue offerte par cette grande ville à nos pieds, avec cette douce courbe du fleuve. Comme le dit notre accompagnateur : « on vous amène ici pour vous montrer l’ensemble et vous donner envie de revenir ». Message reçu et désirs naissants, c’est certain. Retour en ville pour un restaurant efficace avec ce « je ne sais quoi » qui vient de la cuicine locale.,
Répétition vers 16 h OO et enfin le concert de 19 h 30.

Eblouissant

Comment fait-on pour que soudain soixante et une personnes s’unissent dans un ensemble symphonique ? Et donnent la réplique, s’assemblent, se fondent, dialoguent, dans le temps juste ? Mystère des groupes. Somme de travail individuel qui s’affirme dans un ensemble. Peut-être qu’il n’y a pas de mystère. Comme le disait Joseph Bali, le chef d’orchestre de l’ensemble symphonique de Szolnok : « que du travail encore et encore ». Le rédacteur peut l’affirmer : le groupe n’a pas vécu un voyage d’agrément, malgré les plages de repos bien ménagées par les organisateurs. La musique et ses exigences était bien présente dans tous les esprits.

Ainsi au soir de mercredi (22 août 2007), dans la salle de marbre, le public a assisté à cette alchimie où soudain tout trouve sa place. Gabriela Ungureanu éblouissante d’énergie, de sensibilité, de fluidité, de… de… Les mots manquent. Saint-Saëns honoré comme il se doit, et restitué dans son essence même. Le concerto pour piano et orchestre, opus 22 N°2, est considéré comme l’un des plus aboutis du maître. « Lyrisme poignant et concentré « dit un commentaire, qui ajoute : « pugnacité étonnante dans la virtuosité et la maîtrise instrumentale ». Une composition spécialement écrite pour le grand pianiste Anton Rubinstein. Gabriela Ungureanu qui a joué ce mercredi cette œuvre mérite plus que l’admiration, la vénération !

Les Andes

J’ai revu Juan-Carlos Grupalli et je lui ai parlé de ma perception du passage où le violon se noie dans les vents qui tonnent ! ! « C’est bien ça ». Il a voulu faire savoir que du tumulte émergeaient d’autres bonheurs.

La Fantaisie Andine a encore une fois mis en avant les qualités de Guillaume Barli, dans sa virtuosité sans afféterie, respectueux de l’esprit de l’œuvre de Juan-Carlos. Deux mondes qui s’affrontent, le minéral, l’humain. Lutte où masses s’imposent. Triomphe des peuples. Belle composition, forte, et nuancée cependant.

Publics

Amusant à constater, plus la ville est importante, plus la salle est petite. On attend ce soir de jeudi pour vérifier. Nous serons à Eger.

A suivre !