Comme l’informatique avançait cahin caha, les articles de ma main seront en ordre dispersé. Ainsi voici le jour de la aduana Il est 18 H 42 et le bus enclenche sa première, maintenant nous savons que nous sommes à 310 km de Montevideo. Le premier panneau routier nous renseigne.
Destination Montevideo
Je vais vous le dire, le départ de la Plata avait été fixé à 7 H 30 mais en comptant avec le quart d’heure argentin… nous avons quitté l’hôtel del Rey vers les 8 h 00. Pour ceux qui ont le sens statistique je les vois déjà lever les yeux au plafond et se lancer dans des calculs supputatifs. Oui nous devons rouler environ 600 km, soit une dizaine d’heures. Et nous sommes dix heures plus tard à 310 km de notre objectif. Que se pasa ?
L’hommage
A ce commencement du récit, nous devons rendre hommage aux qualités attentistes de nos hôtes. Il faut dire qu’ils ont du mérite car tout ce qui vient de l’administration douanière semble être propre à freiner les ardeurs voyageuses des tourneurs que nous sommes.
Pedro, notre guide, DOIT remplir de sa main un formulaire qui reprend les noms, numéros de passeport et quelques autres précisions. Certes on lui a remis les copies des passeports en temps utile. Nous nous étonnons, et nous découvrons que lui, Pedro n’aurait eu (?) les précieux papiers exigés par la douane que lors de notre arrêt de midi ? Le temps de faire ces copies, nous quittons la station à 14 h 00. Déjà deux heures perdues pour le parcours, puisque immobiles.
L’attente
Bon ! Nous avons eu le temps de faire notre pique-nique. Puis la route est belle. Tout est plat. L’image : « tu peux lâcher ton chien pendant trois jours, tu ne le perds pas de vue ! ». Mais revenons aux moutons que nous sommes. Nous voici à la aduana. Pour sortir de l’Argentine, pas de problème, et en dix minutes, quand même, nous passons. Nous roulons un peu et nous voici devant la aduana uruguayenne.
Il est 15 h 02. Nous allons donc passer presque trois heures d’attente. Pas sortir du bus, les portes sont fermées, la température monte légèrement, et on suffoquerait même. On aperçoit dans la guérite l’anorak rouge de Colette qui en sa qualité de détentrice des passeports, seule a eu le droit de sortir et de présenter les papiers.
Ce qui suit semble témoigner d’un sous équipement informatique du poste. Traiter 70 renseignements, contrôler la liste, la recopier au clavier d’une informatique incertaine, pour l’envoyer à une unité centrale perdue dans la campagne lointaine, perdre les données, recommencer. C’est pas drôle. Ainsi passèrent les deux heures et quarante minutes d’attente.
Du relationnel
Heures vécues très différemment. Colette s’est vue offrir une chaise pour alléger ses jambes (on ne dit pas ses vieilles jambes, c’est impoli). Dans le bus on s’impatiente, on se raconte quelques blagues, des souvenirs de voyage, on ponctue les récits d’appels de vuvuzela à base de sonneries de clairon, mais ça manque de modulation. C’est, à travers cet instrument, un retour à l’aube de l’humanité lorsqu’elle s’exprimait dans des os creux !
On peut être mécontent de cette attente imposée, mais n’est-ce pas un effet de la grande sagesse héritée des Indiens que de créer un huis clos pour trente personnes (mon bus, pour l’autre je ne sais pas leur réalité), afin qu’elles se connaissent et s’apprécient. Qu’elles se découvrent des points communs, des centres d’intérêt convergents. La conséquence étant la cohésion du groupe.
Protester ? Non !
Comment s’insurger alors que la aduana ait mis tant d’empressement à nous faire poireauter pour notre bénéfice mutuel en nous cloitrant dans les bus ? De surcroit, un artiste local a eu tout le temps de composer à partir d’observations à travers les vitres du bus, une œuvre intéressante qui n’est pas sans évoquer Alechinsky si prompt à cerner ses compositions de prédelles qui accentuent et précisent certains des traits du tableau central. Et on se plaindrait de tout ce temps passé ? La aduana protectrice des arts vocaux, plastiques, graphiques…
La route à nouveau. La nuit tombait sur Montevideo. Le temps était frais. Pedro avait réservé mais pas confirmado. Certains d’entre nous allaient connaître une nuit inconfortable car dirigés vers un caravansérail de mauvaise tenue.
A plus tard, au hasard de mes enregistrements et de mes souvenirs. On peut toujours m’écrire !
«L »oeuvre»